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Cinq ans après le feu de Fort McMurray, encore beaucoup de séquelles psychologiques

Des voitures qui roulent la nuit sur une route sous une pluie de braises d'un immense incendie tout proche.

Beaucoup de résidents de Fort McMurray ont traversé une vision d’enfer pour échapper aux flammes.

Photo : Courtoisie Michel Chamberland

Beaucoup des résidents de Fort McMurray, en Alberta, vivent encore avec des séquelles psychologiques après l’immense feu de forêt qui a dévasté la région en 2016.

Kellie Bosch se souvient encore souvent de l’évacuation des habitants.

J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu des flammes, alors j’ai décidé : " OK, il faut bouger." Je suis allée récupérer mes enfants à l’école et j’ai pris la direction du sud pour aller vers Edmonton, dit-elle.

Je pensais que j’allais m’évanouir, c’était très stressant, tout ce qu’on voyait, c'était le feu en avant de nous, là où on essayait d’aller.

Une citation de Kellie Bosch

Incapable de continuer à rouler, elle s’est arrêtée sur le bord de la route avec ses enfants et un voisin les a transportés en voiture vers le nord.

Feu de forêt à Fort McMurray

Consulter le dossier complet

Des flammes montent jusqu'au ciel devant une maison et ce qui ressemble à une zone industrielle.

Les quelques semaines suivantes, elle se sentait survoltée et n’en revenait pas d’avoir survécu, mais plus les mois passaient, plus elle se sentait mal.

Je ne dormais pas et, quand je m’endormais d’épuisement, je me réveillais rapidement et je n’arrivais pas à me rendormir, dit-elle. Je ne voulais plus quitter la maison, je détestais conduire une auto. J’avais toujours de l’anxiété quand je le faisais.

Même si elle n’a jamais eu de diagnostic en bonne et due forme, elle croit avoir souffert d’une forme de syndrome de stress post-traumatique.

Le fait de parler à un thérapeute l’a aidée à gérer les séquelles de cet épisode traumatisant.

Cela m’a énormément aidée, mais les symptômes sont encore là, dit-elle. J’y repense chaque fois qu’il y a des feux contrôlés ou d’autres catastrophes comme les inondations du printemps dernier.

Je me sens mieux aujourd’hui, mais je suis devenue plus vigilante. Je fais beaucoup plus attention à ce qui se passe autour de moi. Je ne laisse jamais mon réservoir d’essence descendre sous la barre des trois-quarts, parce que j’ai encore peur de ne pas pouvoir partir rapidement s’il y avait une autre urgence. J’attends le prochain malheur qui pourrait s’abattre , dit-elle.

Image d'une camionnette devant un énorme feu de forêt.

Le feu de forêt de Fort McMurray a ravagé plusieurs quartiers de la ville du nord de l’Alberta.

Photo : Reuters / Mark Blinch

« On a fait notre prière »

Natali Levasseur, qui est psychologue clinicienne à Fort McMurray, a été évacuée avec son fils par avion jusqu’à Calgary.

On a eu peur, vraiment peur. Je me souviens qu’en survolant Fort McMurray on a vraiment vu la ville en flammes. On s’est tenu les mains et on a fait notre prière. Les premiers mois après le feu ont été très difficiles. Beaucoup de symptômes de stress et d’hypervigilance et d'inquiétude parce qu’on ne savait pas ce qui allait se passer.

Elle pense que la santé mentale des personnes de la région a souffert de l’accumulation du stress causé par le feu et ses conséquences, des pertes d’emploi, des inondations du printemps dernier et de la pandémie.

Des voitures font la file pour quitter Fort McMurray, durant l'évacuation rendue nécessaire par un feu de forêt en mai 2016.

Des voitures font la file pour quitter Fort McMurray, durant l'évacuation après un feu de forêt en mai 2016.

Photo : Radio-Canada

On a été chanceux d’avoir une subvention de la Croix-Rouge et de l’ACFA pour du soutien psychologique en français, mais il en manque énormément encore, dit Natali Levasseur.

On voit beaucoup de clients avec des états de stress post-traumatique, de l'anxiété et des états dépressifs. Certains clients ont plus d’idées suicidaires et certains adolescents ont des tendances d’automutilation.

Natali Levasseur ajoute qu’il y a des listes d’attente chez tous les partenaires communautaires qui offrent des services en santé mentale et que les personnes en détresse psychologique doivent attendre pour obtenir un rendez-vous.

Il y a eu du soutien immédiatement après le feu, mais beaucoup moins maintenant, surtout des soutiens en français.

Une citation de Natali Levasseur

Selon un professeur de psychiatrie à l’Université de l’Alberta, Vincent Agyapong, qui a fait des études sur la santé mentale des résidents de Fort McMurray, les traumatismes peuvent se faire sentir sur la santé mentale des années après les événements.

Après les attentats du 11 septembre 2001, des études ont montré que les gens gardaient des séquelles psychologiques même des années après ces événements traumatisants, explique-t-il.

Le premier ministre Justin Trudeau se tient debout à côté du chef des pompiers derrière une voiture calcinée.

Le premier ministre Justin Trudeau, en compagnie du chef des pompiers de Fort McMurray, Darby Allen, visite les quartiers dévastés par le brasier, le 13 mai 2016.

Photo : Reuters / Jason Franson

Il croit aussi que l’accumulation du feu de 2016, du ralentissement économique, des inondations et de la pandémie a été très dure pour beaucoup de personnes.

C’est une ville qui a subi quatre événements traumatisants coup sur coup.

Une citation de Vincent Agyapong, Université de l'Alberta

Le fils de Natali Levasseur, Isaac Pelletier, pense parfois quitter Fort McMurray.

Des fois, je me demande pourquoi on ne s’en va pas. Il y a des villes ou des villages qui n’ont pas de grosses expériences comme ça. Je me sens comme si on a toujours une épreuve à surmonter. En 2016, c’était le feu, ensuite la flood et là, la COVID. Je me sens comme si cette ville faisait toujours face à une épreuve et on ne peut pas juste se relaxer deux secondes, dit-il.

Mais pour sa mère et Kellie Bosch, Fort McMurray est encore l'endroit où elles souhaitent vivre, malgré les épreuves.

Je pense qu’on est une communauté extrêmement résiliente et beaucoup de gens n’ont pas de famille ici. Donc, on est vraiment une grande famille et je pense que c’est beau à voir, dit Natali Levasseur.

J’adore habiter ici, j’ai des amis qui sont devenus de la famille. La communauté s’entraide beaucoup. C’est rare et cette ville a été bonne pour moi et mon mari. Je ne partirai jamais, c’est chez moi, dit pour sa part Kellie Bosch.

Avec les informations d'Andréane Williams et de Wallis Snowdon

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