Projet résidentiel à Rimouski : l’abattage d’un boisé déploré par des citoyens
À cet endroit se dressait un boisé situé dans un secteur résidentiel.
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
Après trois ans de démarches, l'entreprise Construction Albert a finalement entamé les travaux en vue de bâtir 150 unités d'habitation à la lisière des districts Nazareth et Sacré-Cœur. Des résidents du secteur déplorent cependant l'abattage de plusieurs centaines d'arbres et se demandent pourquoi la Ville n'a pas forcé l'entrepreneur à en conserver davantage.
Le règlement municipal stipule qu'un citoyen qui veut couper un arbre sur son terrain doit obtenir un certificat d'autorisation de la part de Ville.
Mais pour un promoteur immobilier, l'aval de la Ville n'est pas nécessaire lorsque l'abattage implique moins de 20 cordes de bois par terrain. Dans ce cas, il ne s'agit pas de déboisement
, selon le vocabulaire municipal.
Depuis quelques jours, Construction Albert prépare le terrain pour un vaste projet domiciliaire entre les quartiers Nazareth et Sacré-Coeur à Rimouski.
Photo : Radio-Canada
Au Canada, la loi précise qu'une corde de bois mesure 4 pieds de hauteur par 8 pieds de longueur et 4 pieds de profondeur.
La Ville peut cependant conclure une entente spécifique avec un promoteur pour conserver un certain nombre d'arbres, comme ç'a été le cas pour le projet situé à l'angle du boulevard Arthur-Buies et de l'avenue Ross. Mais cette fois-ci, ça n'a pas été le cas
, a confirmé le maire Guy Caron à Radio-Canada.
Là, on parle de 150 unités avec plusieurs multifamiliales. À un moment donné, il faut pouvoir planifier le terrain en fonction du développement.
Une explication qui laisse pantoise Danièle Grenier, une résidente du secteur.
Si on peut comprendre qu’il existe une crise du logement et que pour construire, il faut aussi déboiser, comment concevoir qu’il faille tout détruire?
Elle se demande pourquoi la Ville n'est pas intervenue pour négocier des conditions avec le promoteur.
On se croirait dans les années cinquante. Quel manque de vision et d’ambition de la part du promoteur et de la Ville de Rimouski!
Le projet de construction de 150 unités est situé entre les quartiers Nazareth et Sacré-Coeur à Rimouski.
Photo : Radio-Canada
Un promoteur agacé
On fait ce qu'on peut et non ce que le monde veut
, a répondu le promoteur Gérald Albert au micro de l'émission Même fréquence. Exaspéré par une question concernant le déboisement, il a menacé de mettre un terme à l'entrevue, en raison de petits points
qu'il n'aimait pas.
Le promoteur Gérald Albert a précisé que des arbres avaient été transplantés et que d'autres seraient plantés lorsque les maisons seront construites.
Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet
Avec le nivellement et l'excavation, il était impossible, selon lui, de conserver les arbres.
Je fais de la peine peut-être à 25 ou 30 personnes qui marchaient dans ce petit boisé-là, mais si on veut des logements dans une ville, ça ne se fait pas sans casser des œufs et je n'avais pas le choix.
Gérald Albert a ajouté qu'il est inutile, voire dangereux, de laisser des grands fouets de 70 pieds
parce que ceux-ci peuvent tomber sur les maisons.
Sans en donner le nombre ni le lieu, le promoteur a précisé que des arbres avaient été transplantés et que d'autres seraient plantés lorsque les maisons seront construites.
Le ruisseau sera conservé
Une lisière d'arbres a été conservée le long du ruisseau, à la demande du ministère de l'Environnement.
Photo : Radio-Canada
Le promoteur Gérald Albert dit aussi avoir perdu une grosse année
à cause de l'obligation de préserver le ruisseau qui traverse le nouveau quartier.
Ils disent ruisseau, mais c'est un canal, parce que fin mai, il n'y a plus rien qui coule. Mais on ne s'obstine pas.
L'entreprise a dû revoir ses plans qui prévoyaient au départ la canalisation du cours d'eau et le passage de rues à proximité. C'était avant que le ministère de l'Environnement intervienne dans le dossier. Ils nous ont dit, ça ne passe plus, raconte Gérald Albert. Mais ça, on ne le savait pas et ça a repoussé le projet.
Le projet devrait permettre la construction de 150 unités d'habitation, soit 46 jumelés, 8 édifices à logements et 10 maisons unifamiliales sur un site qui se trouve à l'ouest de la rue du Coteau.
Il s'agit d'un des rares projets domiciliaires privés à émerger sur le territoire de Rimouski, une ville qui traverse une crise du logement sans précédent.