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Recrutement : les salaires compétitifs et la flexibilité des horaires ne suffisent plus

Un travailleur assemble une pièce d'équipement.

Les employés sont à la recherche d'un milieu de travail stimulant qui les reconnaît et leur permet de contribuer au succès de l'entreprise.

Photo : Radio-Canada / Claude Bernatchez

EN MODE SOLUTIONS - La pression est forte pour les entreprises qui doivent développer et mettre en place des pratiques de ressources humaines innovantes si elles espèrent attirer et retenir leurs employés. Les conditions salariales et les aménagements d’horaires ne suffisent plus.

Aujourd’hui, un travailleur cherche à combler ses besoins de reconnaissance et d’avancement dans un environnement professionnel où l’on partage ses valeurs.

Quand il a été embauché à l’aéroport Jean-Lesage, Yann Fournier était un travailleur saisonnier qui déneigeait les pistes pendant la saison froide.

En 2018, son employeur lui accorde le congé sans solde de 6 mois qu’il demandait. Il part travailler dans une entreprise de L'Ancienne-Lorette. Il y a développé des compétences en gestion de personnel et de contrat. Il apprend à prendre en charge le budget et l'achat de carburant.

Camions de déneigement sur une piste d'atterrissage.

Les camions de déneigement sont à l'œuvre sur une des pistes d'atterrissage de l'aéroport de Québec.

Photo : Radio-Canada / courtoisie Aéroport de Québec

En mode solutions

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Visuel promotionnel sur fond jaune.

Quand je suis revenu en 2019, nous explique-t-il, j'ai appliqué sur un poste de chef d'équipe, j'ai mentionné mon intérêt de grandir.

Yann Fournier est aujourd'hui chef de service adjoint aux installations extérieures à l'aéroport de Québec.

On va rechercher un équilibre au travail et des conditions qui sont supérieures à l'ensemble du marché. On va tenter de trouver un milieu dans lequel on doit se réaliser et dans lequel l'employeur va investir dans nos compétences.

Une citation de Vincent Laverdière, président et consultant chez Axxio, firme de ressources humaines

Pour Yann Fournier, le pari était important, mais il s'est avéré payant pour les deux parties, employeurs et employés. C'était un risque pour eux parce que j'aurais pu juste quitter et ne jamais revenir. Puis c’était un risque aussi de mon côté, on aurait pu juste me dire non, fait que j'aurais stagné.

Un homme.

Yann Fournier est devenu gestionnaire à l'aéroport Jean-Lesage de Québec après avoir été déneigeur de pistes.

Photo : Radio-Canada

Ses tâches l’amènent entre autres à gérer l’accès du personnel aux pistes sécurisées et à planifier des chantiers tout en respectant le cadre réglementaire très strict d’un aéroport international.

J'ai appris plus sur le tas qu’à l'école, explique-t-il. Je suis beaucoup entouré par mes collègues gestionnaires [...] on a des sessions de formation à l'interne [...]

Encourager le développement et reconnaître ses employés

Le cheminement professionnel de Yann Fournier, qui a pu laisser la conduite des camions de déneigement pour devenir gestionnaire, représente bien les préoccupations de son milieu de travail. L'aéroport est un employeur attrayant et les gens sont fiers d’y travailler, croit Sylvie Lavoie, la directrice engagement et ressources humaines. Les corps de métiers sont variés : ingénieurs, techniciens en électricité, spécialistes en communication, etc. Après 2 ou 3 ans à occuper un même emploi, les efforts de rétention deviennent importants.

Ils ont des besoins personnels et professionnels. Les gens veulent croître, ils veulent avoir des objectifs. Elle ajoute : Nous, on a envoyé des gens faire des maîtrises [...] on a des gens qui sont retournés à l'école.

Une affiche du programme Bravo Charlie.

Bravo Charlie est un programme de reconnaissance du travail des employés de l'aéroport Jean-Lesage.

Photo : Radio-Canada

L’aéroport de Québec a aussi mis en place un système de reconnaissance sur le portail de l’entreprise. Peu importe qui dans l'organisation, on peut aller reconnaître un collègue de travail. C’est le programme Bravo Charlie du nom des deux pistes d'atterrissage de l’aéroport. Les gens doivent être reconnus pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils font.

La théorie de l'autodétermination en ressources humaines

Vincent Laverdière est président et consultant chez Axxio, une firme de ressources humaines qui existe depuis 20 ans. Les employés sont moins fidèles et n’hésitent pas à aller voir ailleurs s’ils sont insatisfaits de leur milieu de travail.

On perd pratiquement l'ensemble de notre équipe sur une période de 2 à 5 ans. Les entreprises font alors un pas en avant et deux pas de recul parce qu'ils perdent [...] les compétences ou les connaissances requises.

Un homme.

Vincent Laverdière, président et consultant chez Axxio

Photo : Radio-Canada

Il explique la théorie de l’autodétermination en ressources humaines qui identifie les trois besoins fondamentaux que les travailleurs cherchent à pourvoir. D’abord, le besoin d’autonomie qui permet à l’employé de prendre des décisions et d’influencer le cours des mandats qui lui sont confiés. Ensuite, le sentiment de compétences. Est-ce que le défi est bien dosé pour que je me développe sans avoir l'impression de stagner?, et enfin le sentiment d’affiliation. Est-ce que je fais partie d'une équipe tissée serrée? Est- ce qu'on gagne en équipe?

Au gymnase comme au travail

À Lévis, l’entreprise technologique Creaform n’échappe pas aux difficultés de recrutement et de rétention du personnel que vivent la plupart des entreprises. En visitant ses locaux et son usine, la convivialité du grand espace vitré frappe. Il sert de salle commune et de bar où sont organisés les 5 à 7 du jeudi. Pas très loin, dans un gymnase, des employés ont chaud. Ils mettent fin à leur séance d’entraînement du lundi. L’initiative vient de quelques employés, dont le gestionnaire du bureau du projet chez Creaform, Vincent Lafond.

Un groupe d'employés dans un gymnase.

Des employés de Creaform à Lévis ont mis sur pied un programme de mise en forme.

Photo : Radio-Canada / Claude Bernatchez

On s’est inspirés de différentes choses, explique Vincent Lafond. Des jeux vidéo, des Spartan Races, poursuit-il. On vient chercher des petites idées un peu partout, mais c'est des employés qui font ça, c'est pas moi.

C’est la recette valorisée par l’entreprise dans ces activités industrielles qui laisse la place aux employés qui posent des questions et proposent des solutions.

Un homme dans un gymnase.

Vincent Lafond, gestionnaire du bureau de projet chez Creaform

Photo : Radio-Canada / Eric Careau

Les compagnies vont se construire des bâtisses, vont souvent mettre un gym, on met des fling flang un peu partout. Mais ça ne donne rien si t'as pas quelque chose pour l'alimenter, une petite flammèche.

Une citation de Vincent Lafond, gestionnaire de projet chez Creaform

Honnêtement, ils ont souvent de très bonnes idées, nous explique Fanny Truchon, la présidente de Creaform. Ses jeunes employés se lancent parfois dans l'autoapprentissage sur un sujet qui commence à être pertinent pour l’entreprise.

Trois jours après, ils vont être les plus connaisseurs dans toute l'usine, ils vont être vraiment en mode de contribution sur ce sujet. Elle poursuit : C’est notre travail de leur laisser la place de s’exprimer tout en étant capable de gérer.

Aujourd'hui, les gens veulent [...] avoir vraiment une participation active dans les défis qu'on se lance dans les solutions qu'on trouve.

Une citation de Fanny Truchon, présidente de Creaform
Un appareil de métrologie.

Creaform développe et commercialise des instruments de métrologie.

Photo : Radio-Canada / Claude Bernatchez

Creaform

  • Lancée à Lévis en 2002
  • Développe et commercialise des instruments de métrologie qui prennent des photos en 3D très précises de différents objets
  • Près de 700 employés à travers le monde, dont 380 à son siège social de Lévis

C’est tout à fait dans la tendance du marché, selon Vincent Laverdière. L'invitation faite aux employés d’une entreprise de poser des questions et de proposer des solutions se fait souvent de façon encadrée et structurée. De plus en plus d'entreprises vont créer des journées de recherche et développement, fait valoir le spécialiste en ressources humaines. Une ou deux journées libres pour permettre au personnel d'explorer de nouvelles idées, de nouveaux logiciels, chacun dans leur champ [d’expertise].

Recruter autrement

Creaform a lancé une équipe de recrutement qui se démarque du démarchage habituel réalisé par son département de ressources humaines dans les salons de l’emploi. Vincent Lafond, le gestionnaire du bureau de projet, parle de cette initiative avec enthousiasme.

C'est une collègue aux RH qui a amené l'idée de s'impliquer plus à l'université et c'est des employés qui ont amené cette idée-là à un niveau astronomique.

En allant donner des conférences dans des cours ou en échangeant de manière informelle dans des événements sociaux à l’université, les employés de Creafom établissent un lien plus étroit avec les étudiants. Ils discutent librement de leur métier et des valeurs de l’entreprise.

Une femme dans une salle.

Fanny Truchon, présidente Creaform

Photo : Radio-Canada / Eric Careau

Vincent Lafond a pu mesurer l’impact de ce qu’on appelle chez Creaform la Campus Squad. Les effets se font sentir de deux façons.

Maintenant toutes les personnes qu'on passe en entrevue [nous disent] : "Ah oui! J'en ai entendu parler avec la Campus Squad." Ça fait vraiment une différence. C’est aussi une source de motivation pour les employés.

C'est juste un petit projet, ça les motive beaucoup, puis c'est un élément de plus quand arrive le moment de décider s'ils doivent continuer leur carrière chez Creaform. Ça pèse dans la balance.

Planifier les années à venir

Les entreprises devront vivre encore plusieurs années avec des difficultés de recrutement. La courbe démographique est impitoyable. Si on regarde la population active au Québec, on a baissé sous la barre de 60 %, nous rappelle le spécialiste en ressources humaines Vincent Laverdière. Et d'ici 2050, on va être davantage autour de 50 %.

Le président d’Axxio insiste sur l'importance de recruter en territoire inexploré. Il cible les travailleurs plus âgés, les personnes à profil particulier — par exemple avec un trouble de l’autisme qui, bien encadrées, ont beaucoup à apporter — et les travailleurs étrangers.

Nos ressources humaines deviennent de plus en plus internationales [...] on est ambassadeur avec la Ville de Québec sur la formation vivre-ensemble [...] faut les connaître, être capables de les retenir, de leur faire une place.

Une citation de Sylvie Lavoie, directrice engagement et ressources humaines à l'aéroport de Québec

Et l'automatisation doit s'accélérer. Les feuilles de temps manuelles sur Excel, c'est de moins en moins possible, rappelle Vincent Laverdière. Travaillons avec [...] des logiciels qui peuvent automatiser ces tâches à non-valeur ajoutée.

Sans oublier, ajoute Fanny Truchon, l’intelligence artificielle qui amène son lot d’occasions et de risques. L'intelligence artificielle amène un paquet de nouvelles possibilités et c'est tellement gros comme changement. [...] Les entreprises doivent prendre le temps de se l'approprier.

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