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Maisons préfabriquées : une entreprise de Tracadie prête pour le « catalogue » d’Ottawa

Des employés procèdent à l'installation du plancher d'une future maison préfabriquée.

La construction en usine permet l'installation des planchers avant même que les murs soient dressés.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Les maisons préfabriquées représentent 15 % du marché de la construction résidentielle au pays. Et cette industrie est appelée à prendre de l’ampleur puisque le gouvernement fédéral met actuellement au point un « catalogue de modèles de maisons préapprouvés » qui s’appuie sur les économies d’échelle réalisées dans ces usines à habitations.

Une entreprise de Tracadie, au Nouveau-Brunswick, se dit prête à contribuer aux efforts pour combattre la crise du logement au pays.

Si les gouvernements décident d’investir dans les maisons usinées, nous autres, on va être prêts à répondre à leur demande. [...] Et avec des plans standardisés, on va être capables d’aller encore plus vite, affirme le président-directeur général de Maisons suprêmes, de Tracadie, Robert Savoie.

Le PDG Robert Savoie se tient sur le perron de l'une de ses maisons usinées.

Robert Savoie a pris les rênes de l'entreprise familiale fondée en 1983. Construisant au départ des remises et des garages, Maisons suprêmes produit désormais des centaines de maisons dans son usine de Tracadie.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

À la manière de gros blocs Lego, son entreprise produit et assemble des centaines de maisons par année.

Toutes les maisons, c'est le même processus. Elles vont passer les 16 stations de travail de la ligne de montage. Au bout de 10 à 12 jours, la maison va être totalement finie. À tous les jours, on peut produire une maison, soutient Robert Savoie.

L'entreprise acadienne dessert présentement tout l’est canadien, de l’Ontario jusqu’à Terre-Neuve, grâce à son usine de 80 000 pieds carrés où les marteaux et les scies rondes besognent sans arrêt.

On produit une maison par jour.

Une citation de Robert Savoie, PDG de Maisons suprêmes

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il faudra construire 3,5 millions de logements d'ici 2030 pour répondre à la crise de l'abordabilité du logement.

Pour y parvenir, le modèle du préfabriqué offre de nombreux avantages.

Le plus gros avantage, c'est sûr, c'est qu'on contrôle l'environnement, explique M. Savoie. Que ce soit l'approvisionnement de matériaux, la main-d'œuvre, les déplacements, tout est contrôlé. Donc chaque jour, beau temps, mauvais temps, hiver, été, chaleur, froid, il n’y a rien qui nous arrête!

Un catalogue attendu en Atlantique

Au début de l’année, le catalogue avait d’ailleurs suscité l’intérêt des ministres du Logement de l’Atlantique (Nouvelle fenêtre) lors d’une rencontre organisée à Halifax avec leur homologue fédéral, Sean Fraser.

Ce dernier avait même promis qu’un chapitre du futur catalogue fédéral sera spécifiquement destiné à la région de l'Atlantique, avec des plans préapprouvés tenant compte de la réglementation, des rigueurs du climat et des matériaux disponibles sur ce territoire.

Ministres au micro, assis, en conférence de presse.

Le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, et ses homologues de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, John Lohr et Jill Green, se sont rencontrés à Halifax le 15 janvier 2024.

Photo : La Presse canadienne / Darren Calabrese

Dans le dernier budget fédéral, Ottawa a alloué plus de 11 millions de dollars à l'élaboration du catalogue. Plus d'un demi-milliard de dollars en prêts et en subventions sont aussi destinés aux constructeurs canadiens qui misent sur des techniques innovantes.

La première phase du catalogue sera publiée avant la fin de 2024, et elle comprendra plus de 50 modèles pour des logements de faible hauteur – y compris des maisons modulaires et des multiplex, précise le bureau du ministre Sean Fraser, ajoutant que le ministère travaille avec les autres ordres de gouvernement pour rationaliser la réglementation de ces projets.

Attention aux maisons unifamiliales

Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre et d’explosion des coûts, des urbanistes croient que les entreprises comme Maisons suprêmes peuvent contribuer à résoudre la crise du logement au pays en mettant leur expertise au service de la construction d'habitations multilogements.

L’urbaniste et professeure à l’Université d’Ottawa Carolyn Whitzman croit que la stratégie du préfabriqué serait d’autant plus efficace si elle se concentrait sur la construction de multilogements abordables plutôt que de maisons unifamiliales.

On a tendance à penser que chaque terrain a un usage unique, mais on peut faire du logement sur une bibliothèque, sur un centre de santé, sur un centre de récréation, pourquoi pas sur une église?, raisonne-t-elle.

Une femme sourit à la caméra, photo professionnelle

Carolyn Whitzman (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté de Carolyn Whitzman

Selon Mme Whitzman, les urbanistes s’entendent pour dire qu’en pleine crise climatique, les différents ordres de gouvernement doivent devenir des acteurs plus structurants pour bâtir des villes plus densifiées où l’automobile polluante et dispendieuse deviendrait inutile.

Les années après la Deuxième Guerre mondiale étaient les années de l’automobilité. Tout dépendait de la voiture! Mais pour des raisons environnementales, sociales et économiques, ce pattern n'est plus pratique maintenant, affirme-t-elle.

Pour l'instant, Maisons suprêmes se concentre principalement sur la construction unifamiliale. Mais Robert Savoie explique que sa chaîne de montage a la flexibilité pour fabriquer des habitations multilogements.

C'est certainement une chose que nous, on a la capacité de faire, du multilogement de 60 ou 70 unités. C'est facilement adaptable, insiste le PDG.

Les arguments du préfabriqué

Vue intérieure de l'usine de construction modulaire Maisons suprêmes de Tracadie.

Vue intérieure de l'usine de construction modulaire Maisons suprêmes de Tracadie.

Photo : Gracieuseté

Outre les économies d’échelle et un contrôle accru, la chaîne de montage permet également d'effectuer simultanément des tâches qui s'effectueraient successivement sur un chantier traditionnel.

En même temps que le plancher se fait, les murs sont en train d'être bâtis, la toiture est en train d'être bâtie. Jamais sur un chantier tu ne vas voir ça, indique le chef d'entreprise.

Trois modèles de maison exposés devant l'usine de Maisons suprêmes à Tracadie.

Une maison fabriquée en usine peut être livrée en deux à quatre mois.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Une maison usinée peut être livrée en deux à quatre mois, précise M. Savoie, un avantage certain pour une entreprise comme la sienne.

Dans un monde engagé sur la voie de l'électrification, l’entreprise entend aussi faire sa part pour réduire l’empreinte de ses maisons.

Notre contribution à nous autres, ça va être d’offrir des produits qui sont faciles à chauffer, et donc moins énergivores, souligne Robert Savoie.

Cette efficacité énergétique est atteinte en utilisant des matériaux qui dépassent les exigences du code du bâtiment et des techniques qui ne sont possibles qu’en usine, comme l’installation continue de coupe-vapeur qui minimisent l’infiltration de l’air.

Avec un catalogue fédéral à l’horizon, l’industrie du préfabriqué envisage déjà la robotisation de certaines étapes de production pour répondre plus rapidement à la demande accrue de logements.

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