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Sur les cendres des feux de forêt, la communauté innue se reconstruit

Le campement principal de la pourvoirie Moisie-Nipissis, sur une île.

L'été dernier, les incendies forestiers sur la Côte-Nord ont décimé la pourvoirie Moisie-Nipissis, qui appartient à la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Renaud Chicoine-Mckenzie

Le conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam, durement éprouvé par les feux de forêt l’été dernier, compte utiliser cette expérience pour mieux se préparer aux situations d’urgence. Il saisit aussi l’occasion pour approfondir ses connaissances scientifiques.

Le conseil a créé un nouveau poste d'adjoint aux mesures d'urgence après que les incendies majeurs eurent forcé l'évacuation de la communauté de Mani-utenam et de plusieurs quartiers de Sept-Îles.

Avec tout ce qui arrive, les changements climatiques, les pannes de courant majeures, les feux de forêt, le conseil s’est doté d’une ressource qui ne fait que ça, décrit Raynald Malec, qui occupe ce nouveau poste.

Raynald Malec est dans son bureau.

Raynald Malec est coordonnateur des mesures d'urgence pour le conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam.

Photo : Radio-Canada / Michèle Bouchard

Depuis l'automne, il informe la population et l'aide à se préparer aux différentes situations d'urgence qui pourraient survenir. Par exemple, il invite les gens à prévoir une trousse de 72 heures, en prévision d'une panne de courant qui pourrait durer plusieurs jours.

Le site principal de la pourvoirie Moisie-Nipissis.

Le conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam se dit prêt à faire face aux prochains feux de forêt. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Renaud Chicoine-Mckenzie

Les communautés autochtones face aux feux de forêt

Consulter le dossier complet

Feu de forêt avec fumée et flammes, près d'une rivière, le 15 mai 2023, à Hay River, aux Territoires du Nord-Ouest.

Raynald Malec utilise aussi l'expérience acquise pendant les feux de forêt pour améliorer la gestion des personnes évacuées, en collaboration avec Pessamit.

Ce n’est pas juste d’évacuer les gens. Lorsqu’une famille est évacuée, il faut l’occuper, pas juste la mettre dans un gymnase. Il faut faire baisser la tension, prendre en compte l’éducation, la santé, expose-t-il.

Trois personnes dans un aréna rempli de lits d'urgence.

Selon Raynald Malec, le sentiment de proximité entre les communautés de Pessamit et de Mani-utenam a contribué à rendre l'évacuation plus agréable. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

En juin 2023, plusieurs membres de la communauté avaient été accueillis à l'aréna par les bénévoles de Pessamit. L'opération s'est bien déroulée, et Raynald Malec note les étapes à suivre pour en faire un plan précis, au cas où la situation se reproduise.

Les feux au service de la science

Le conseil de bande profite aussi de l'expérience des incendies de forêt pour approfondir ses connaissances scientifiques.

Le directeur du bureau de la protection des droits et du territoire, André Michel, qui est biologiste, a saisi cette occasion pour mener une étude qui, selon lui, n’avait encore jamais été faite.

André Michel est dans son bureau, devant une bibliothèque.

Le biologiste André Michel fait le suivi d'études sur les impacts des feux de forêt.

Photo : Radio-Canada / Michèle Bouchard

On a fait des études sur l'impact des feux de forêt sur les saumoneaux. Les résultats vont venir incessamment, explique-t-il.

[On utilise] une technique de pêche électrique. Les petits poissons sont figés, en état de dormance pendant quelques secondes. Ils remontent à la surface, puis on est capables d’en faire l’inventaire.

Les premières observations, prélevées sur la rivière Mishta-Shipu, permettent de constater que peu de tacons ont été trouvés dans les lieux brûlés. L’étude sera reconduite cet été pour comparer les données recueillies.

Les arbres décimés et l'absence, en juin dernier, d'activités en forêt ont aussi profité à la progression des fouilles archéologiques le long de la rivière Moisie.

C'est le long de la route traditionnelle des Innus d’Uashat mak Mani-utenam. Ils utilisaient les rivières Moisie, Nipissis, Ashuanipi et Menihek pour aller dans le territoire de l'actuel Schefferville. Il y a plusieurs sites de campements qu'on va explorer au courant des prochaines années.

Après la destruction, la reconstruction

Selon André Michel, le conseil de bande procédera cet été à la reconstruction de la pourvoirie Moisie-Nipissis, détruite par les feux.

Et cette fois, il compte entourer les bâtiments d'une zone tampon. De cette façon, les projets du conseil de bande ne pourront plus partir en fumée.

Les images de la pourvoirie ravagée sont restées gravées dans la mémoire du directeur du bureau de la protection des droits et du territoire.

On se préparait pour accueillir les clients. On est allés installer un shaputuan, c’est là qu’on a vu les premiers feux, au loin, le long du chemin de fer. À ce moment-là, on était convaincus que ça n’allait pas toucher la pourvoirie, laisse tomber le biologiste.

Une tente avec un feu de forêt en arrière-plan.

Photo d'André Michel de la pourvoirie Moisie-Nipissis, située près de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. (Photo d'archives)

Photo : André Michel

Mais les incendies forestiers ont déjoué les prévisions. La grande majorité des installations ont été ravagées, tout comme une importante portion de la forêt.

Quand on est allés sur place, on a vu les tuyaux de la SOPFEU. Ils avaient tenté de [l’éteindre], mais le feu était trop important, témoigne-t-il.

Des morceaux de murs et une cheminée en brique sur un terrain au bord d'un cours d'eau.

Les restes du campement principal de la pourvoirie Moisie-Nipissis (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Renaud Chicoine-Mckenzie

André Michel tire des conclusions de cette leçon apprise à la dure.

Il faut faire attention pour les prochaines années. On a appris de ça, on est conscients qu'avec les changements climatiques, il risque d'y avoir de plus en plus de feux. Ça change nos façons de faire.

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