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Il y a 40 ans, un militaire attaquait l’Assemblée nationale du Québec

Une voiture de police se trouve devant l'Assemblée nationale en 1984.

Le 8 mai 1984, le caporal Denis Lortie, des Forces armées canadiennes, faisait irruption au Salon bleu avec une arme automatique.

Photo : Radio-Canada / Archives

Les élus de l’Assemblée nationale du Québec ont souligné mercredi le 40e anniversaire de l’assaut mené par un militaire lourdement armé contre l'édifice de l'Assemblée nationale, le 8 mai 1984. Trois personnes avaient été tuées et 13 autres blessées lors de la fusillade.

Mercredi matin, les députés ont observé une minute de silence pour se recueillir après avoir adopté à l’unanimité une motion présentée par le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, soulignant ce triste événement.

Le texte de la motion

Que l'Assemblée nationale commémore les 40 ans de la fusillade du 8 mai 1984, où un individu s'est présenté à l'Assemblée nationale avec l'objectif d'attenter à la vie des membres du gouvernement indépendantiste de René Lévesque.

Qu'elle rappelle que dans une société libre et démocratique, les élus du peuple doivent pouvoir affirmer leurs convictions sans craindre la violence;

Qu'elle se souvienne du courage héroïque de René Jalbert, sergent d'armes, qui a convaincu le tireur de se rendre pacifiquement à la police;

Qu'enfin, elle observe une minute de silence en mémoire des victimes de cette tragédie : Camille Lepage, Georges Boyer et Roger Lefrançois.

Dans une courte période de débat précédant l'adoption de la motion, chaque chef de parti a pris la parole à tour de rôle.

Il y a 40 ans, un individu est entré dans l'Assemblée nationale armé avec les plus sombres desseins, a d'abord rappelé Paul St-Pierre Plamondon. Ses motifs sont connus, il voulait assassiner le premier ministre du Québec, à l'époque, René Lévesque. Sa démarche visait spécifiquement le Parti québécois. Il désirait éteindre le mouvement indépendantiste.

Des cercueils alignés lors de funérailles.

Cette attaque contre le gouvernement a laissé une marque indélébile dans l'histoire politique du Québec.

Photo : The Canadian Press / Ryan Remiorz

Il visait une option politique. Il visait la parole, la réflexion, le débat. Il a surtout attaqué la démocratie, la libre circulation d'idées.

Une citation de Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Le premier ministre François Legault lui a emboîté le pas en rappelant l'intervention audacieuse ce jour-là du sergent d'armes de l'Assemblée nationale, René Jalbert, qui avait engagé la conversation avec le tireur, permettant aux policiers de gagner un temps précieux et surtout de calmer le militaire en crise.

La conduite héroïque de René Jalbert a permis de sauver plusieurs vies, a rappelé le premier ministre.

À l'Assemblée nationale du Québec, un homme discute avec un militaire qui est assis sur un trône.

René Jalbert discute avec Denis Lortie lors de la fusillade du 8 mai 1984 à l'Assemblée nationale, à Québec.

Photo : Radio-Canada

On a le devoir de défendre la démocratie, de défendre cette valeur-là, qui est fondamentale pour les Québécois, de défendre aussi ceux et celles qui la portent, les élus, mais aussi le personnel de l'Assemblée nationale.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, a pour sa part lu un extrait du témoignage d'un employé du directeur général des élections qui se trouvait au Salon bleu il y a 40 ans.

C'est une de mes collègues qui m'a repris par le bras, m'a ramené en dessous d'une table, et, pendant ce temps, les balles fusaient. Je me demande encore comment ça se fait que je n'aie pas été touché.

Une citation de Yves Gaboury, employé du Directeur général des élections

Rappelant à la présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, que le tireur s'était installé dans le fauteuil qu'elle occupe aujourd'hui, le chef libéral a souligné que c'est encore cette image forte et marquante que des milliers de Québécois et de Québécoises ont gardé de cette tragédie. La lutte contre la haine et la violence est notre responsabilité à tous, a-t-il ajouté.

Habillé d'un uniforme militaire, Denis Lortie s'est assis sur le siège habituellement occupé par le président de l'Assemblée nationale.

Habillé d'un uniforme militaire, Denis Lortie s'est assis sur le siège habituellement occupé par le président de l'Assemblée nationale.

Photo : Radio-Canada

Le chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a quant à lui rappelé que face à la terreur, c'est le sang-froid et la bravoure qui l'ont emporté.

Tout en rappelant le nom des victimes et l'héroïsme De René Jalbert, M. Nadeau-Dubois a profité de l'occasion pour rendre hommage aux constables spéciaux de l'Assemblée nationale qui, encore aujourd'hui, protègent le siège de notre démocratie, jour et nuit, avec vigilance et professionnalisme.

C'est grâce à eux et à elles que les élus du Québec et que l'ensemble du personnel de l'Assemblée nationale font leur travail sans peur, en sachant qu'ils et elles assurent nos arrières.

Le 8 mai 1984...

Ce jour-là, le caporal des Forces armées canadiennes Denis Lortie était entré en force dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale où devaient siéger les membres du Parlement. Son objectif : abattre tous les membres du gouvernement péquiste de René Lévesque, qui était au pouvoir à l'époque.

Mais les députés ne siégeaient pas ce matin-là. Seule une commission de l’Assemblée nationale s'apprêtait à siéger pour étudier les crédits budgétaires des ministères. Denis Lortie est arrivé sur place 10 minutes avant le début de la commission. Le Salon bleu n’est donc pas encore achalandé à ce moment.

Une voiture de police se trouve devant l'Assemblée nationale en 1984.

Le 8 mai 1984, Denis Lortie faisait irruption au Salon bleu avec une arme automatique.

Photo : Radio-Canada / Archives

Le soldat en crise avait néanmoins ouvert le feu avec une arme automatique sur le personnel de l'Assemblée nationale et les gens qui se trouvaient sur les lieux, tuant Camille Lepage et Georges Boyer, deux messagers de l'Assemblée nationale, ainsi que Roger Lefrançois, employé du Directeur général des élections du Québec. Treize autres personnes avaient été blessées.

Retranché dans le Salon bleu, le militaire encerclé par les forces d’intervention de la police avait été raisonné in extremis par le sergent d’armes René Jalbert. Responsable de la sécurité de l'enceinte, M. Jalbert l'avait rejoint dans le Salon bleu sans arme et l’avait invité à négocier dans son bureau, permettant du même coup aux secouristes de porter assistance aux blessés.

Le sergent d'armes avait ensuite convaincu Denis Lortie de se rendre sans résister aux policiers.

À la suite de cette fusillade, Denis Lortie subit deux procès. Le 13 février 1985, il écope de 25 ans de prison ferme. La Cour d’appel invalide ce procès.

Au deuxième procès, il est condamné le 11 mai 1987 à la prison à perpétuité, mais avec possibilité de libération après 10 ans. En 1993, on juge qu’il ne représente plus une menace pour la société. Il obtiendra une libération conditionnelle en 1995.

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